Parmi les mirages [Sekhmet]

Sun marche, ou plutôt trottine rapidement, ses pattes laissant des traces distinctes sur le sable. Il fait chaud mais celan ne dérange pas le jeune lion ; il semble même ne pas y prêter attention. Arrivé là par hasard - enfin après avoir erré dans plusieurs autres endroit, explorant Secret Island -, le jeune lion regardait un peu partout, curieux, cherchant un amusement quelconque. Il s'arrêta près d'un rocher et jeta un coup d'oeil autour de lui. Alors qu'il cherchait autre chose que du sable ou des rochers, il aperçut une tache noire au loin... Un aigle ? Ici ? Il venait vers lui, et très vite... Il resta un moment pétrifié sur place, puis se retourn et partit en courant comme un forcené. Il trébucha sur une petite pierre et s'étala par terre. Il regarda aussitôt en diréction de la tache noire, mais... quoi ? Rien ? Il n'y avait rien. Le jeune lion avait dû rêver. Pourtant, il avaitl'air si... si vrai...
Sun resta allongé dans le sable quelques secondes, pour remettre ses idées en place. Un mauvais rêve, rien de plus. Une illusion. Sun se releva donc et repartit en trottinant, oubliant presque aussitôt cette illusion de malheur, qui lui avait valu une frayeur horrible. De plus, il avait buté tellement fort contre la pierre, qu'il en avait encore mal... Surtout quand il posait la patte sur le sol. Maisil préféra ne pas s'en occuper. Il continua donc sa route, boitant légèrement. Mais là, maintenant... Devant lui, apparu soudainement, d'on ne sait où, un grand herbivore... Cette bestiole ici ? En plein désert ? Sun ne comprenait pas. Il ferma les yeux, secoua la tête. Rien. Si, un arbre ressemblant étrangement à une étoile, dans la forme de ses branches. Les feuilles sont bleues foncées et l'arbre est noir, tout noir. Sun recule, hébété, et baissa la tête vers sa patte, surpris parla douleur alors qu'il s'est appuyé dessus sans s'en rendre compte. L'arbre disapru. Sun commence alors à compendre qu'ici, quelque chose n'est pas normal, ou bien que c'est lui qui a des illusions, mais cela ne lui est jamais arrivé. Il repart donc, en marchant cette fois-ci, assez vite mais sur ses gardes.

Il n’y avait rien. Du sable peut-être. Du sable à perte de vue. Du sable dans les yeux, dans la gueule, du sable sous les pattes, derrière et devant encore. Du sable à l’infini. Le soleil tapait depuis la matinée, mais bizarrement la chaleur était supportable. Les traces de pas dessinée sur le sol meuble s’effaçaient lors du passage du vent léger. Un vent de l’Est, qui apportait mille et unes odeurs. Les dune, collines éphémères, mouraient et renaissaient sous le souffle du zéphyr. L’astre d’or faisait apparaître d’étranges hallucinations aux voyageurs égarés, mais ceux-ci ne pouvaient connaître la folie qui les hantait. Le plus souvent, des oasis luxuriantes jaillissaient sous leurs yeux, et ils s’y précipitaient avec avidité, pour se rendre compte que ce n’était qu’illusion. Et une lionne était proie à ces mirages, bien qu’elle en fût elle-même un pour d’autres êtres vivants.

Elle sursauta. Un scorpion de deux mètres venait de se placer juste devant elle. Elle s’effaça, lui aussi. L’un des deux existait, allez savoir lequel. Les traces de pas qui la suivaient la trahirent, l’invisibilité est une chose, la discrétion en est une autre.

Ce n’était qu’un mirage, un parmi tant d’autres. Elle ne s’y était toujours pas habituée, elle n’y arrivera jamais.

Encore une image inventée, plus loin se dessinait un lion, il avait l’air de boiter. Elle ne voyait pas bien… Pourtant, cette fois-ci, elle ne se laisserait pas avoir. Elle allait continuer son chemin et ignorer l’illusion. Quoi qu’il se passe.

Sekhmet avança, lentement d’abord, car elle restait tout de même méfiante, puis elle prit de l’assurance. Non, la folie ne prendrait pas le dessus ! Mais pourquoi s’était-elle aventurée par ici ? Pourquoi ? Il n’y avait pas vraiment de réponse. Elle explorait ces terres, c’était la seule chose.

Elle était là, lionne au physique quelque peu étrange. Alors que ses oreilles pointaient vers le ciel, comme celles d’un loup lui avaient-on dit à son plus grand désarroi, sa taille en dessous de la moyenne et sa queue rappelaient plus un grand chat. Et pourtant, elle n’en restait pas moins une lionne ! Elle était là, et il n’y avait rien, juste un mirage en face d’elle, juste un loup qui n’existait pas, juste la folie qui planait dans ce désert…

Un vent chaud effleura Sun. Le jeune lion avait ralenti un peu l'allure, sa patte lui empêchant de trop prendre appui dessus. Il marchait donc prudemment, observant autour delui, au cas où un mirage se pointait. Il n'avait pas vraiment peur, et il était trop bête pour comprendre le pourquoi du comment qu'apparraissait les mirages. Il se disait plutôt que cela pourrait être un très bon amusement. Ce lion, qui ne pensait vraiment qu'à s'amuser, ne se souciait pas du fait que ces mirages aurait tôt fait de le perdre en plein désert. Mais là, sa patte l'empêchait de courir après ces mirages. Car, quelques minutes avant, il avait vu un herbivore d'une couleur jaune, de plus cet herbivore était un mélange de plsuieurs espèces... Il lui avait couru après, et quelques secondes àprès le début de la course-poursuite, le jeune lion blanc s'était affalé par terre, et sa patte lui faisait atrocement mal, encore plus qu'avant. La poser sur le sol était affreux, mais il devait le faire pour avancer. Il avait ainsi abandonner l'illusion qui s'était dissipée, et avait repris son chemin...
C'est en pensant à cela qu'il vit une petite lionne blanche, avec le bout de la queue et des pattes rouges, ainsi que le bout de ses oreilles pointues, apparaître subitement à plusieurs mètres de lui. Sun s'arrêta, regarda étrangement cette apparition. Encore un mirage ? Sûrement, et Sun s'avança en boitillant, juste pour voir ce qu'il croyait être un mirage de plus près, mais il s'arrêta alors qu'il avait fait à peine quelques mètres. Il pourrait revenir plus tard, car sa patte blessée ne lui permettait pas tout. Le jeune lion n'écouta pas cette voix intérieure, il entreprit juste de se lécher la patte et de la reposer doucement au sol, et d'aller en trottinant vers la lionne, sans s'occuper de sa patte blessée. Il avait eu l'impression, au début, que le mirage l'évitait. Mais il s'était dit "juste une impression, rien d'autre" et avait continué d'aller dansn sa direction.

Le zéphyr souffla plus fort, plus fort encore. Une dune naquit, une autre disparut.

Sculpture d'ocre dans le désert.
Partage épuré.
Ephémère.

La vie de ces maîtresses du désert ne tenait qu'à un fil, qu'à une brise. Elles pouvaient être sable à l'instant présent, puis n'être plus qu'air la seconde d'après. C'était le cycle de la vie, l'impitoyable loi du désert. Et cette loi faisait que les mirages existaient, rêves dans la réalité, ils s'évanouissaient si l'on y prétait trop attention.

Pourtant, un de ces songes éveillés s'approchait d'elle, mais ne disparaissait pas. De plus, le son presque inaudible de ses pattes sur le sable, doux et brûlant à la fois, parvenait tout de même jusqu'aux oreilles de la lionne. Les mirages étaient silencieux...

Ce n'était pas une illusion, c'était un vrai lion, de ceux qui respiraient l'herbe de la prairie, de ceux qui se jetaient sur une proie s'échappant, de ceux qui vivaient, tout simplement. Elle le savait, et maintenant le souffle de l'inconnu semblait monter jusqu'à elle.

Sekhmet était immobile, assise dans un désert de chaleur, et elle attendait. Qu'attendait-elle au juste ? Mais que l'étranger s'avance jusqu'à elle ! Il trottinait face à elle, il arriverait bientôt. En attendant, elle eût le temps de le détailler, et cette observation lui fit presque oublier sa timidité, sa peur de l'inconnu. Presque.

La lionne tressaillit. Peut-être devrait-elle imiter les mirages, disparaître aux yeux du lion, et il ne chercherait pas plus loin... Mais s'il voyait ses traces de pas dans le grain fin qui couvrait la terre aride ? Oh, et puis après tout, si la rencontre tournait mal, elle pourrait toujours partir...

Elle n'avait pas encore parlé, tout n'était pas perdu...

Sun approchait lentement du mirage. Le vent se leva, faisant voler le sable. Le jeune lion reçut du sable dans les yeux. Il secoua la tête, cligna plusieurs fois des yeux, puis continua sa route une fois qu'il voyait mieux.
Plus il approchait, plus il avait le sentiment que le mirage n'en était pas un. Mais il n'était pas sûr, il restait donc sur ses gardes.
Il était à présent à quelques mètres de la jeune lionne. Il s'assit sur le sable chaud, et regarda le mirage. Il resta quelques secondes à le regarder, puis n'y tenant plus il lui osa enfin la question qui le torturait.

Tu es... un mirage ?

Le jeune lion se sentit un peu bête de parler à un mirage, mais peut-être que ce n'en était pas un ? De toute façon, maintenant qu'il avait parlé, il ne pouvait plus revenir en arrière. Tant pis si c'était un mirage et non une vraie lionne, même si c'était un peu dommage quand même.

Les mots sortirent tous seuls de sa gorge, sans qu'elle ne puisse les contrôler. Elle se sentait indignée d'être prise pour un mirage, mais c'était en même temps l'effet qu'elle avait voulu produire.

- Non ! Sûrement pas...

Cette hausse de ton la surpris, elle n'était pas habituée à se faire entendre... Cela la troubla, et elle sentit le feu venir à ses joues. Heureusement que l'inconnu ne pouvait le voir...

Ses yeux couleur rubis se baissèrent lentement, pour se figer à la contemplation du sable doré. Les grains fins étaient remués par le vent et le soleil n'était plus accablant. Elle s'y était habituée, à force d'errer sans but dans ce désert brûlant... Sa queue bougea légèrement, creusant le sable, elle était gênée par le silence, et pourtant elle ne souhaiter pas parler...